Avec son tout nouvel album Cinéma Intérieur, Gilbert Lachance étonne et ravit en nous offrant ses compositions derrière son piano. Vous êtes chaleureusement invités à cette projection imaginaire et musicale dont vous êtes le héros. Fermez grands les yeux et basculez doucement dans votre fort intérieur, sur votre île idyllique, dans vos rêves les plus délicieux, portés par les notes majestueuses du Cinéma Intérieur de Gilbert. Après toutes ces années au service des mots des autres (on a pu l’entendre dans près de mille doublages, dont Johnny Depp, Tom Cruise, Krusty le clown, pour ne nommer que ceux-là), Gilbert vous convie au partage de ses émotions pures qu’il nous transmet à travers ses compositions — ses histoires sans paroles vous mèneront dans les méandres de votre propre imaginaire. Laissez-vous transporter par les mélodies envoûtantes se déployant soudain sous les doigts virtuoses de l’homme aux cent personnages.

Se présentant comme un florilège de courts métrages, de petites novelas, Cinéma Intérieur s’ouvre sur un prélude hommage à Johann Sebastian Bach, avant d’enchaîner sur « Mariposa », une allégorie des métamorphoses que l’on subit tout au long de nos vies — dont celle toute particulière de Gilbert, sortant de son cocon pour naître, tel un papillon, à son avenir pianistique. « À cheval sur un photon » évoque ensuite l’expérience de pensée d’Albert Einstein, alors que le scientifique s’interrogeait sur la nature mystérieuse de la lumière. D’abord berceuse, ce photon engendré par le Big Bang traverse mille secousses, frôle un trou noir sous la forme d’un clin d’œil à la Pathétique de Beethoven, puis poursuit sa course effrenée à travers le vide cosmique pour atterir finalement sur notre rétine. Gilbert rend ensuite un hommage au paysage qu’il habite avec les pièces « Arabesque Montérégienne » et « Montuno du Mont-Bruno », qui, avec ses airs sensibles et syncopés aux rythmes chaleureux de Cuba, laisse un doux parfum de la Havane le long des routes du Québec. Avec « Fougue », on plonge dans la jeunesse chopinesque de Gilbert: passionnée, frénétique, romantique, cette pièce a été composée alors que le pianiste n’était âgé que de 17 ans. « Gouffre », d’une autre part, en est le miroir exact, sur un mode plus lent, sombre et introspectif, enrichi par les années qui se sont écoulées depuis. «Résilience » s’amorce ensuite sur des accords graves, aux abords de la dissonance, avant d’entamer son ascension, vibrante et lumineuse. Suivant « Sur le rang Lustrucru », l’artiste propose une méditation sereine aux teintes d’un coucher de soleil sur l’Océan Indien avec l’exotique «Sitar ». Puis ce Cinéma Intérieur se clôt tout en douceur sur deux valses, l’une mélancolique comme une gymnopédie à Montmartre, l’autre, qui résonne tel un accordéon sur un pont parisien — toutes deux qui sauront faire rêver l’auditoire. Et attendez quelques instants que les lumières du Cinéma se rallument avant d’ouvrir les yeux à la fin de cette projection.